Samedi 7 mars 2015 - BARCELONE

Samedi 7 mars 2015 - BARCELONE

Ah Barcelone ! Rien que ce nom, et on a en tête les fêtes nocturnes à n'en plus finir, l'argent facile, les plages, le soleil.... Mais loin de tout cela, il existe aussi une ville fantastique pleine de découvertes à ne rater sous aucun prétexte.  Voilà deux ou trois ans que mon cher et tendre s'y déplace pour des raisons professionnelles, et nous avons décidé de prolonger son séjour sur place afin que je puisse aller le rejoindre et profiter de l'occasion pour faire connaissance avec la capitale catalane, loin des idées toutes faites.

Hop, 1h30 de trajet en avion à partir d'Orly sur Vueling et nous y voilà.

Nous logeons dans le quartier des Sants. De toutes façons, le système de bus de Barcelone traverse la ville en tout sens, et il y a aussi un métro qui fonctionne de la même façon que notre métro français, donc pas trop de soucis, une fois le plan en mains. Une carte d'abonnement "10 voyages" est disponible dans n'importe quelle station de métro, et ces trajets sont valables aussi bien pour le bus que pour le métro, donc à privilégier absolument pour se déplacer partout en ville.

Arrivée le vendredi soir,  il ne reste qu'une chose à faire : dîner et se balader dans les larges avenues tout illuminées avant de s'aventurer dès le lendemain dans cette ville pleine de promesses. Depuis plusieurs jours, mon homme dîne dans un petit café-resto-brasserie qui sert des plats familiaux sans prétentions mais bien sympas. Du coup, maintenant, on l'y reconnait et on lui garde sa table tous les soirs. Quand nous arrivons, nous avons droit à un accueil souriant et sympathique. Et sans attendre, on dégustera tapas accompagnées d'un verre de vin Crianza. Par contre, les patisseries sont plutot à base de pâte feuilletée et je les trouve plutôt bof, mais mon homme les trouve à son goût, comme quoi.... !

A cours des soirées suivantes, nous aurons l'occasion de déguster du porc ibérique (excellent)  et surtout, la tradition catalane servie partout : une tranche de pain très légèrement toasté, accompagné d'ail (qu'il faut frotter sur le pain) puis d'une tomate fraiche (à frotter aussi sur le pain afin de la réduire en pulpe). C'est l'accompagnement traditionnel, on ne passe pas à côté ! et c'est très bon ...

Bon, c'est pas le tout, mais demain il va falloir de bonnes jambes, donc ouste, repos !

Torre Agbar

Petit déjeuner dans une sorte de boulangerie-self, car les espagnols mangent peu chez eux, et particulièrement le petit déjeuner. Pour 6 euros, c'est presque repas complet ! Bocadillo (sandwich jambon-fromage), un croissant, deux tartines grillées + beurre et confiture, un grand café et un jus d'orange.  On peut y lire aussi les journaux du jour, laissés gratuitement à la disposition des clients qui les remettent en place une fois leur lecture achevée.

Certains sites attirent tant de touristes qu'il faut réserver ses visites depuis la France. Il faut choisir son heure de visite et s'y tenir, ce qui demande un peu d'organisation mais permet aussi une plus grande fluidité. Nous avons prévu de visiter la Sagrada Familia à 10h30, mais nous sommes en avance alors nous excursionnons dans les avenues proches et nous découvrons la TORRE AGBAR, création architecturale de Jean Nouvel : c'est un centre d'affaire de 144m, tout illuminé le soir. J'adore le contraste entre sa forme très épurée et les palmiers tout échevelés autour !

 Les constructions urbaines espagnoles sont souvent très rectilignes. Il faut dire qu'en matière d'architecture urbaine, on fait voisinner facilement des monuments anciens et des constructions avant-gardistes. Alors, un peu de fantaisie est la bienvenue, comme ici cette jolie scène en trompe-l'oeil :

La Sagrada Familia

Parler de Barcelone, c'est parler de Gaudi, qui est à mon sens, un des plus grands génies du siècle dernier. Antoni Gaudi est né en 1852 et mourut en 1926. C'est un architecte, un créateur, un visionnaire et un artiste tout court. C'est l'icône de Barcelone car on ne peut pas comprendre cette ville si on ne comprend pas l'homme qu'il était.

On l'a dit fort religieux ce qui est faut si l'on s'en tient à ce qu'on entend généralement par religion. Plus précisément, il était fasciné devant la perfection de la nature, par ce qu'elle avait mis en place pour survivre et se protéger. Il pensait que l'homme devait se réapproprier son lien avec la nature et s'inspirer d'elle. A partir de là, toutes ses créations seront liées à elle, que ce soit ses constructions, ses jardins, ou tout simplement les meubles et objets ergonomiques qu'il créera. Sa profondeur de réflexion et sa créativité vont me stupéfier durant tout mon séjour, tant son empreinte sur la ville est importante. Il eut la chance de rencontrer le compte Güell, mécène éclairé, qui lui accordera sa confiance. Antoni Gaudi mettra au service de la famille Güell tout son génie en faisant construire pour elle palais, résidence, jardin, etc.

 

Cette surprenante cathédrale réunit toute l'exubérance, la démesure et la créativité de Gaudi, qui utilisa les 40 dernières années de sa vie à ce chef-d'oeuvre.... lequel resta inachevé. Toutefois, malgré la disparition des plans du maître lors d'un incendie, les travaux continuent dans l'esprit qui était le sien. Le monument devrait être achevé en 2030.

L'intérieur de la construction est grandiose. Gaudi l'a voulu comme un sanctuaire inspiré de la nature, notamment de la forêt et de ses hauts arbres auxquels ressemblent de façon frappante toutes les colonnes. La statuaire est expressive mais très épurée.  Les façades sont au nombre de trois, dont deux sont visibles (la troisième est en travaux). Les scènes sculptées sont empreintes de réalisme, voire d'humour.

Ici, représentation du Christ en "fils du charpentier" : attitude, reproduction du geste de l'ouvrier, tout est très réaliste ici. Mais quelle sérénité sur son visage !

Etonnant Christ en croix, tout illuminé entre deux cercles et semblant floter entre ciel et terre....

Le soleil illumine les hauts vitraux en ogives, comme un soleil s'infiltrant à travers les troncs des arbres dans un sous-bois. L'effet est saisissant !

Nous quittons la Sagrada Familia tout étourdis devant la foisonnante créativité de l'artiste. Mais nous n'avions encore rien vu ! Direction la Casa Battilo.

Casa Battilo

Crée par Gaudi pour la famille Battilo, une riche famille d'industriels, en 1904, cette maison a permis à Gaudi de mettre en pratique ses recherches sur l'éclairagisme naturel  et la ventilation, les maisons d'alors étant souvent sombres et mal aérées, ce qui n'était pas sans conséquence sur la santé des habitants.

La façade évoque les ondulations maritimes et le dessin des écailles des poissons.

Les salles où l'on se tenait principalement sont situées sur la rue, en enfilades. Elles sont très claires car les baies sont très hautes. Un système de petits vanteaux orientables permet à l'air d'entrer même si les fenêtres sont fermées, et les portes intérieures sont dotées des mêmes vantaux, donc l'air circule aussi entre les pièces.

Photos ci-dessus et ci-dessous : le puits de lumière.

Gaudi avait remarqué que les pièces ne donnant pas sur la rue étaient souvent bien plus sombres. Il créa donc  des sortes de cours intérieures très étroites, comme des couloirs verticaux, qui amenaient lumière et air. Les pièces s'étageaient tout autour de ce conduit, qu'il agrémenta de mosaïques. Le thème de la maison était la mer. Il choisit donc des mosaïques en camaïeu de bleu, plus foncé au haut du conduit pour éviter une lumière trop éblouissante, plus clair au rez-de-chaussée afin d'apporter plus de luminosité. Un large escalier en colimaçon tournait autour du puits pour desservir les pièces des étages supérieurs. Il protégea l'accès au puits par des vitres déformantes, de telle façon qu'en regardant au travers, on puisse s'imaginer sous l'eau.

Le toit de la Casa Battilo n'est pas sans intérêt non plus ! Ces étranges chapeaux de cheminée en forme de clochetons colorés étaient conçus eux aussi pour favoriser une meilleure ventilation de l'habitation.

L'Arc de triomphe

L'esprit empli de tant de découvertes, nous allons prendre l'air le long des Rembles, ces longues rues plus ou moins piétonnes ou on peut flâner en regardant des stands de peinture, manger des glaces ou boire un café.  Un atroupement principalement d'hommes, le nez en l'air devant une façade, nous interpelle : dans le bâtiment se tient une exposition sur la prostitution et une charmante jeune femme joue les Marylin sur un balcon au premier étage, pour attirer le public. On ne peut que sourire devant cette assemblée de visages hilares !!!

Nous nous dirigeons vers un large jardin public dit Parc de la citadelle, précédé de l'arc de triomphe en briquettes rouges qui représenta la porte symbolique de l'exposition universelle de 1888 installée dans le parc. Ambiance familiale.

Détails des sculptures de l'arc :