Jeudi 20 juillet & samedi 22 juillet 2023 - SCHWERIN

Jeudi 20 juillet 2023 - SCHWERIN - Jour 1

Nous sommes dans l'ancienne Allemagne de l'Est. Notre camp de base est au :
Campingplatz Suduperferle
Fortstrasse 19
19065 Raben Steinfeld

L'accueil est uniquement en allemand !
Equipements très propres.

Attention douches payantes : 2 euros en échange d'un jeton à prendre à la réception du camping pour une douche limitée à 3 minutes (heureusement, un bouton on/off permet de stopper l'eau durant le savonnage ou le shampouinage et de relancer l'arrivée d'eau pour le rinçage.

Il fait plutôt beau aujourd’hui, et nous avons hâte de découvrir le château de Schwerin, un des plus beau de la région, puisque Schwerin est tout de même la capitale du Mecklenbourg-Poméranie, capitale également de l’ancien duché du même nom. Je ne vais pas revenir sur l’histoire de cette partie de l’Allemagne du nord car l’Allemagne réunifiée en un seul état est finalement un concept assez récent.

Comme pendant plusieurs siècles en France, différents duchés n’ont cessé de se faire la guerre, de réaliser des alliances par mariage ou en cédant des territoires, pour se refaire la guerre quelque temps plus tard en un incessant manège, sans compter les « visites » slave, danoise et suédoise…

Le Mecklenbourg-Poméranie n’est pas une exception, son voisin le Schleswig-Holstein a la même genèse (voir sur notre blog notre voyage dans cette région).

Bref, bien envie de visiter cette résidence assez monumentale et pourtant relativement vite construite (entre 1845 et 1857) pour le grand-duc de la dynastie régnante. Signe de l’époque, une partie du château sert aujourd’hui de siège au Parlement régional.

Notre camping est situé à environ 8 kms de la ville mais il n’est pas possible de lancer notre fidèle Elliot dans l’aventure. Il est temps de remettre en service nos vélos à assistance électrique !

Et c’est parti : le réseau de circulation pour cyclistes est un pur bonheur dans ce pays, et tout particulièrement ici car utiliser un vélo est incontournable, que ce soit pour les loisirs ou les activités du quotidien (rendre visite à des amis, faire ses courses…). Par conséquent, il existe des pistes sécurisées partout, soit à double sens, soit à sens unique (mais dans ce cas, la même existe en sens inverse de l’autre côté de la chaussée). La signalisation est très claire et il est plus prudent pour tous de la respecter car ces pistes (d’environ 2,50 mètres de large) sont souvent à partager avec les piétons. Nos voisins allemands y roulent tout de même assez vite en général, donc prudence. Et les piétons y circulent facilement « en troupeau », alors nous vous conseillons une bonne sonnette pour votre vélo, à actionner en prévention quand vous croisez des personnes un peu trop zen.

Le trajet nous emmène le long de lacs, en sous-bois, à travers de petites zones résidentielles.

La région étant relativement isolée, plusieurs camps de concentration y ont été aménagés. On tombe donc assez régulièrement sur des mémorials et c’est le cas le long de ce chemin ; un  monument a été élevé à la mémoire des déportés d’un de ces camps, entrainés dans une marche sans espoir par leurs geôliers qui essayèrent ainsi d’échapper d’une part à l’armée russe et d’autre part à l’avancée américaine (marche dite « de la mort »).

Nous arrivons directement dans les allées d’un parc de pelouses et d’arbres qui constituent un lieu de promenade prisé, qui fait face au château. Le château, quant à lui, trône sur son île, reliée au parc par un pont de bois accessible à tous sauf aux voitures.

C’est un remarquable édifice beige et brique, dont l’aspect général rappelle nos châteaux de la Loire par le nombre de tourelles et de niches. La brique demeure ici très utilisée, comme elle l’est d’ailleurs partout dans cette région y compris pour les maisons et les immeubles. Il a fière allure avec ses parements en terre cuite et affiche de faux airs de Chambord.

Nous nous rendons à la caisse, pour acquitter nos entrées (8,50€ par adulte). Il est possible de bénéficier d’une visite guidée (en allemand) ou d’audioguides (en allemand et anglais). Des casiers près des caisses permettent de laisser sacs et vêtements encombrants. Nous vous conseillons vivement de les utiliser sinon vous serez obligés d’effectuer la visite avec votre sac à dos côté ventre. Nantis des quelques infos glanées sur le web, nous nous lançons dans la visite.

Les anciennes chambres des enfants sont aujourd’hui consacrées à des expositions de peintures et de céramiques, dont beaucoup sont d’inspiration animalière. Les vitrines déploient tout un choix de vaisselle somptueuse et colossale. Il s’agit en fait de vaisselle d’apparat destinées à montrer sa richesse ou à offrir lors des grands événements dans les familles princières. Cette vaisselle ne servait donc jamais pour les repas. La famille ducale fut un soutient continu de la manufacture de Meissen et de celle de Berlin concernant la fourniture de céramiques.

Il faut redescendre au niveau des caisses pour avoir accès aux appartements qui ont servi à la famille ducale et à leurs invités. Les pièces ont parfois été remaniées, cloisonnées, transférées à d’autres usages que ceux prévus initialement ce qui donne parfois une impression un peu illogique dans l’organisation ; de plus, un grave incendie dans les débuts des années 1900 ont ravagé de nombreuses pièces somptueuses qu’il a été possible de refaire à l’identique grâce à des restes de tapisserie murale et des photos en noir et blanc prises auparavant.

Les murs arboraient principalement des tapisseries damassées avec rideaux dans des coloris assortis, et les sols sont de véritables œuvres d’art de marqueterie.

Malheureusement, certains objets décoratifs ont totalement disparu dans l’incendie et n’ont pu être remplacés.

Les pièces sont toutefois majestueuses, notamment la salle du trône. Les plafonds sont très travaillés. Toutefois, les sculptures et stucs sont généralement en « carton de Ludwigslust », c'est-à-dire en papier mâché retravaillé et peint, qui fait parfaitement illusion.

La partie du château où siège le parlement peut se visiter (visite guidée) mais selon des horaires différents de ceux de l’ensemble de l’édifice.

En ressortant du château, il faut se diriger vers la partie du jardin qui entoure l’édifice sur son île. Les parterres de fleurs sont très beaux, et l’arrière du château arbore une orangerie de toute beauté qui est aujourd’hui un restaurant. Très belle vue sur le lac, notamment au sommet de la grande arcade qui ferme l’orangerie.

Le restaurant dans l’orangerie est aussi à conseiller : assiettes généreuses (salades, avec viande ou poisson, gâteaux traditionnels pour le dessert) à un prix très raisonnable (environ 50 euros pour deux personnes, boisson comprise). Par contre, il y a souvent une file d’attente et il est fermé durant l’hiver.

Ne repartant pous parcourons le parc du château.

Nous nous proposons une journée de repos pour avancer notre blog avant de revenir à Schwerin pour visiter la ville qui possède des maisons typiques et une cathédrale renommée.

Retour en vélo au camping où nous savourons un bon mug de café.

Samedi 22 juillet 2023 - SCHWERIN - Jour 2

Aujourd’hui samedi, retour à Schwerin.

Nous avons bien fait de nous reposer hier car la pluie ne nous a pas quittés. Aujourd’hui, le temps n’est pas sûr mais tout de même moins menaçant qu’hier. Les vélos sont prêts !

A propos des vélos, qu’ils soient électriques ou non, et même si les pistes cyclables  qui passent en forêt sont plutôt bonnes, pensez à vérifier la pression de vos pneus (parfois les pistes cyclables en ville sont pavées !). Et en ville, bien tenir compte de la signalisation car certaines zones sont piétonnières ET autorisées aux vélos (petit logo en forme de vélo noté FREI dans un panneau cerclé de rouge) mais d’autres sont uniquement piétonnières.

Donc retour en ville, petit passage devant le château puis entrée dans le centre-ville.

Schwerin est habitée depuis le 11^e siècle, les slaves ayant construit une forteresse sur le site de l’actuel château. Ils appelaient cette région « la région des lacs et des bois », ce qui la résume en effet assez bien. Mais en 1160, Henri le lion, duc de Saxe, les en chasse et fait de la ville un des plus grands centres urbains à l’est de l’Elbe.

Le duché de Mecklenbourg choisira Schwerin comme capitale et s’y tiendra de 1358 à 1918. Les guerres du 20^e siècle la toucheront peu.

Nous gagnons la place du marché (marktplatz), une grande place carrée où se trouve l’office du tourisme, un relais toujours utile pour obtenir un plan de ville mais aussi les modalités de visite des monuments car les sites et guides ne sont pas toujours à jour.

C’est en anglais que nous obtenons tous les renseignements nécessaires car si nous tentons de les demander en français, nos interlocuteurs affichent une expression désolée dans le meilleur des cas, ou paniquée dans le pire des cas.

L’atout principal de la ville, en dehors du château, c’est la cathédrale. Tout autour, de nombreuses petites rues permettent de découvrir quelques maisons typiques au milieu de constructions plus récentes, entre autres une maison à base étroite avec un étage plus large qui dépasse sur les côtés. Les impôts étaient basés sur la surface occupée au sol, d’où cette « astuce » de l’architecte.

En 1260, un édifice roman occupe l’emplacement de la cathédrale, sur le côté de la place du marché. Au 14^e siècle, il est remplacé par la cathédrale actuelle qui sera achevée au 15^e siècle, tout en briques rouges selon l’architecture répandue partout dans le nord de l’Allemagne. Loin du style roman, on a affaire ici à du gothique flamboyant avec une très grande hauteur de nef. L’intérieur de la cathédrale est blanc mais toutes les arrêtes des arches de a nef comme des travées sont peintes en vert ou en blanc (route pour le sang du christ, vert pour la vigne, symbole de vie). Peu de vitraux colorés, peu d’ornements excepté une croix de gloire provenant d’une autre église (Ste Marie). La réforme est passée par là et a promu l’austérité dans les monuments religieux.

Après la visite de la cathédrale, nous avons fait étape chez LUKAS (Grosser Moor 5) pour goûter un de ses plats fétiches à base de trois poissons différents ("fishplatte Lukas") bon et copieux auquel nous n'avons même pas ajouté de dessert. Compter 23 euros par personne, sans les boissons.

Schwerin donne l’impression d’une belle endormie malgré les promeneurs de ce samedi après-midi. Il faut dire que la ville n’offre pas beaucoup de commerces ni d’animation.

Nous espérons un temps clément pour visiter Wismar demain, promesse de jolies découvertes grâce à son centre-ville historique et préservé.

A propos de la gastronomie, nous sommes un peu trop excentrés pour tenter un restaurant ici. A notre grande surprise, les spécialités italiennes prennent toute la place d’une gastronomie locale, davantage préservée dans le Schleswing-Holstein. Toutefois, nous espérons découvrir plus de spécialités à base de poisson en remontant vers le nord.