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4 août 2019

Dimanche 4 août 2019 - LUBECK

Samedi 3 août 2019 - LUBECK

Arrivée au CAMPING SHÖNBÖCKEN LÜBECK
Steinrader Damm 12
Lübeck
www.camping-luebeck.de

qui se trouve à environ 4 km de la ville mais desservi régulièrement par un bus.

Nous avons réservé notre emplacement depuis plusieurs jours déjà, car nous savons que Lübeck va être un gros morceau. C'est une ville qui possède un passé riche en événements, en mouvements de populations, et qui s'est trouvé être un carrefour très actif économiquement et culturellement. D'ailleurs, nous prévoyons d'y rester quasiment une semaine.

Le camping ne fait pas partie des plus chers mais il est bien situé relativement aux transports.

Le site n'a rien d'extraordinaire mais la propriétaire qui nous reçoit est agréable et très bien organisée. Elle nous fournit un plan de la ville, un horaire de bus, et comme beaucoup de campings ici, peut nous procurer du pain. Par contre, comme nous l'avons remarqué depuis le début du séjour, contrairement aux pays du sud dont les campings possèdent souvent une supérette, ici ce n'est pas le cas. On peut acheter le strict essentiel mais c'est tout, donc il faut s'organiser un peu.

Les emplacements sont larges, nous sommes donc à l'aise. Les sanitaires sont très bien mais pas en nombre suffisant. En effet, ce camping constitue une étape pour les vacanciers se rendant dans les pays scandinaves car le port de Lübeck permet l'embarquement. Le taux de rotation est important et nous aurions vivement apprécié quelques cabines de douches supplémentaires. Par ailleurs, les douches fonctionnent grâce à des jetons (50 centimes la douche) pour une durée de 5 minutes chacune. Autant dire que les elfes désirant choyer leur belle chevelure n'en ont pas vraiment le temps. Mais au final, tout est question d'adaptation et nous nous habituons.

Tarif : 24 euros la nuitée pour un camping-car et deux adultes.

J'ai omis de préciser que le nombre de personnes joue dans la fixation du tarif et ce, dans tous les hébergements. Nous avons beau n'avoir qu'un seul camping-car, le nombre de personnes à bord est pris en compte. On règle un forfait pour le véhicule + un forfait pour le nombre de personnes. Et pourtant, à la fin de nos congés, nous constatons que cela est revenu finalement moins cher que le coût d'une location en France. Allez comprendre...

Dimanche 4 août 2019 - LUBECK - 1ère journée

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Hop hop hop, debout pour attraper le bus de la ligne 2 qui dessert le secteur du camping est qui passe à 9h32. On est dimanche, et là, les bus c'est toutes les heures.

L'arrêt du camping est "Schönböckener Haupstrasse" et se situe en face du camping sur la droite pour aller à Lübeck. A Lübeck nous descendons soit à l'arrêt "Holstentorplatz" pour aller à l'Office de tourisme, soit à "SandStrasse" pour accéder à la place de la mairie, lieu de départ de quasiment toutes les visites. Pour repartir au camping nous reviendrons souvent à l'arrêt "Kohlmarkt" à côté de la mairie également.


Quelques mots sur Lübeck, ville libre et hanséatique :

Lübeck, surnommée aussi la "Reine de la Hanse", fut fondée en 1143. Une partie de la ville fait partie du patrimoine de l'humanité. La vieille ville, entourée d'eau, compte de nombreux monuments somptueux, précieux témoins de diverses époques. Les bâtiments datant de la période gothique, de la Renaissance, de l'époque baroque et classique, les allées, les églises, les couvents et les fortifications forment un ensemble unique. Les tours des sept églises dominent la ville depuis le moyen-âge (d'après l'article Patrimoine Mondial de l'Unesco en Allemagne du site Allemage Voyage).

Le bus nous dépose près de la Porte Holstentor. C'est une porte qui permettait l'entrée dans la ville mais qui servait aussi de forteresse de défense notamment. Elle fut édifiée en 1478 et a fière allure, avec ses briques rouges, ses murs de 3 mètres d'épaisseur et un design plutôt joli pour un édifice qui n'a pourtant rien d'un lieu de plaisance. Elle affiche la devise de la ville en lettres dorées "Concordia Domi foris pax" (concorde à l'intérieur, paix à l'extérieur). Devant la porte, un jardin permet suffisamment de recul pour prendre des photos, et c'est aussi à cet endroit que se déroulent les visites guidées. A l'intérieur, un musée célèbre la puissance du commerce, car en 1226, Lübeck obtint le statut de ville libre et indépendante et n'en référait qu'à l'empereur.

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Nous filons à l'Office du Tourisme tout proche, et nous nous faisons remettre de la documentation en quantité car ici se côtoient l'ancien et le récent, notamment les musées. Et il ne manque pas de monuments à visiter non plus.... Malheureusement, pour qui ne maîtrise ni l'allemand ni l'anglais, c'est une continuelle frustration car tous les fascicules et les visites guidées sont au mieux en anglais (mais pas toujours) mais le plus souvent en allemand. Et le souci, c'est que certains monuments ne sont accessibles que dans le cadre d'une visite guidée. Bref, le mieux est de potasser un peu les guides en français avant de se lancer, et prendre en sus les documentations en anglais en complément (pour ceux qui le comprennent).

Pour comprendre Lübeck, nous avons acheté un petit guide (en français) vendu par l'office du tourisme, et il ne nous est pas inutile car tout ce qui s'est fait dans cette ville l'a été en lien avec le commerce, mais aussi avec la religion très présente à l'époque (d'abord catholique, puis protestante après la Réforme).

Les commerçants et artisans se sont largement enrichis grâce aux relations qu'ils avaient avec d'autres grandes villes des pays nordiques. Cependant, l'église s'inquiéta du goût un peu trop vif pour la richesse et de celui un peu moins vif pour la modestie et l'aumône aux plus démunis. Afin de cultiver sa bonne conscience, la riche bourgeoisie finança plusieurs établissements de soin et/ou de prise en charge des pauvres, des vieillards ou des malades.

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Pour commencer notre visite, nous avons l'embarras du choix, et nous nous décidons pour une visite à l'église St Jacques : JACOBIKIRCHE, qui date de 1276, période où se sont construites quasiment toutes les églises de la ville.
L'église St Jacques est en briques rouges, de type gothique-halle. L'autel est en coloris contrastés de noir et de blanc. Les murs sont blanc et les piliers ornés de fresques dans les traditionnelles couleurs d'ocre et de vert amande. Dans le coeur, les arrêtes des arcades gothiques ont été peintes dans une couleurs taupe qui accentue la luminosité. Mais le plus grand intérêt, c'est la présence de deux orgues des 16e et 17e siècles sont les sonorités complémentaires sont particulièrement appréciées lors des concerts. Dans une chapelle latérale nord, se trouve un mémorial dédié aux marins morts en 1957 lors du naufrage d'un grand voilier commercial faisant office de voilier-école pour les aspirants marins. L'une des chaloupe de sauvetage, bien qu'endommagée, est conservée dans cette chapelle et au sol sont mentionnés tous les noms des 74 marins morts dans le naufrage. Seuls 6 marins purent être sauvés, dont un seul élève.

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L'église St Jacques est une église de marins. En effet, elle se trouve sur un site de la ville appelé Koberg. C'est ici que des capitaines de bateaux se sont associés pour devenir propriétaires de cette parcelle, et y faire construire la Maison de la Corporation des Marins (Schiffergessellschaft) en 1535. C'est aujourd'hui un restaurant réputé pour avoir conservé sa décoration originale (malheureusement, nous n'y sommes pas allés....). Néanmoins, la corporation des marins existe toujours à cette même adresse.

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Nous avons déjà pas mal marché, et une petite faim se fait sentir. Nous tentons le KARTOFFEL-KELLER, un restaurant situé dans une ruelle en pente toute proche de l'église Saint Jacques. La pomme de terre est l'ingrédient principal de tous les plats servis ici, tous d'inspiration régionale. La salle est voûtée, en sous-sol, et décorée façon taverne. La température y est douce et les murs sains et très secs. En fait, cette grande cave servait de cave à vin ou d'entrepot et appartenait à un établissement accueillant les pauvres et les vieillards. Le service est plutôt décontracté, ce qui fait durer le repas car en même temps que nous un groupe de touristes pilotés par une guide envahit la salle adjacente ....

Nous nous décidons pour deux Schnitzel Holstein et deux verres de Lübecker Rotspon (le Lübecker Rotspon est un vin de Bordeaux ou du pays d'Oc dont les qualités sont modifiées durant la traversée maritime et le vieillissement en cave à Lübeck. Ce procédé existe depuis le XIIIème siècle). Le Schnitzel Holstein est une variante de l'escalope viennoise accompagné de harengs marinés, de pommes de terres, d'un oeuf au plat, le restaurateur ayant ajouté pour sa part une petite purée de patate douce.
Nous sommes incapables d'avaler une miette de plus pour seulement 25€ par personne !


Petit aparte sur les repas en général : on déjeune tôt ici et les restaurants servent parfois le déjeuner dès 11H30. Par contre, n'espérez pas déjeuner passé 14H. En effet, une fois que le chef cuisinier a terminé son travail, Les restaurants ne servent plus même s'il reste de la place en salle, et on vous répondra que c'est complet ou que c'est réservé. L'explication, c'est que la plupart du temps, une fois la tranche horaire du déjeuner terminée, le personnel remet la salle en état pour servir de salon de thé l'après-midi, jusqu'à maximum 17h ; ensuite, on prépare de nouveau la salle pour le dîner qui peut commencer dès 17h30 ou 18h. Le soleil se lève tôt ici, mais se couche aussi plus tôt qu'en France donc le dîner s'en trouve décalé. Après le dîner, les autochtones laissent trainer la soirée, soit en allant boire une bière quelque part, soit en s'asseyant au jardin avec un plaid sur les genoux, à lire à la lueur des bougies. Autre précision : Les cartes des restaurants proposent le menu du jour (comme partout !), ou le menu à la carte. Y figurent des entrées, mais surtout des plats principaux (ce sont les plus nombreux). Vous n'y trouverez jamais de fromage, car il est consommé le matin, tout comme les fruits. La carte des desserts est très limitée par contre les glaces sont assez nombreuses. A part les glaces, d'ailleurs, les gens ne prennent quasiment jamais de dessert car, autre particularité, ils le prennent plutôt dans l'après-midi avec un thé ou un café vers 15h. Et les gâteaux ici n'ont rien de petits sablés, mais s'apparentent plutôt à des trônes alternant couche de génoise et couche de crème façon tranche napolitaine, avec parfois une couche de confiture ou des morceaux de fruits. Ils sont souvent aussi savoureux que caloriques mais il serait dommage de ne pas y goûter au moins une fois. Présentés dans une vitrine réfrigérées, ces gâteaux sont vendus à la part. Vous choisissez et la serveuse vous apportera votre café/thé et une petite assiette contenant la part du gâteau que vous avez choisi.

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Le repas terminé, nous ressortons.Un grand batiment de briques rouges affichant plusieurs pignons séparés par des tourelles à l'allure de minarets occupe toute une partie de la place qui est le centre du site. Il s'agit du HEILIGER-GEIST-HOSPITAL (Hopital du Saint Esprit) construit à la fin du 13e siècle. Nous franchissons la porte, et sans transition, nous nous retrouvons dans un grand hall d'entrée qui, en fait est une église halle, plus large que longue. La voûte en étoile est magnifique, tout comme le jubé qui nous fait face. Les fresques, peintures et retables sont vraiment beaux car précis dans la représentation, et abondamment dorés. Curieusement ils se trouvent dans les côtés latéraux de l'église.

A vrai dire, cet édifice a été construit selon un plan très original, en forme de T majuscule renversé. La barre du T représenterait l'église (large, mais courte en longueur). La barre verticale était en fait une longue nef dans dans laquelle se trouvaient, le long des murs, les lits des patients. Au plafond, les poutres ressemblent à l'armature d'un bateau. Cette organisation perdura jusqu'en 1820. A compter de cette date, on remplaça les files de lits par un cloisonnement de petites cellules de 6 m2 contenant le strict minimum. Elles sont encore visibles aujourd'hui. Y étaient accueillis les pauvres et les personnes âgées démunies qui devaient respecter le règlement religieux très strict de l'établissement. C'est seulement en 1970 qu'une véritable maison pour les personnes âgées fut réalisée, dans l'arrière partie du complexe religieux car plusieurs bâtiments faisaient suite au bâtiment principal. Des photos en noir et blanc montrent ces retraités, assis sur des bancs dans le couloir de leur cellule, dont plusieurs portent la casquette des marins...

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Nous continuons à tourner un peu dans le quartier en regardant les façades et l'architecture des maisons, et nous nous retrouvons dans la GlockengieSSertrasse où on peut admirer de minuscules venelles aboutissant dans des arrière-cours absolument charmantes, comme sorties d'un conte pour enfants. Ces "Gänge" (passages) et "Höfe" (arrière-cours) font partie de complexes architecturaux contenant plusieurs Petites maisons mitoyennes comme un mini-village. Encore une fois, la riche bourgeoisie prenait soin de sa réputation en faisant construire ces maisons destinées aux veuves de milieux aisés qui pouvaient y résider jusqu'à leur mort sans payer de loyer. Bien que je n'en ai pas la certitude, j'imagine que ces femmes se retrouvaient parfois sans prise en charge ni protection suite au décès de leur époux, l'affaire passant au fils ainé et la bru n'ayant pas forcément envie de côtoyer sa belle-mère au quotidien. Ainsi, Ces femmes pouvaient-elles continuer à vivre selon leur rang social bien qu'étant dans une situation moins favorable que du temps de leur mariage.
Avec le temps, ces maisons furent modernisées et attribuées à des familles nécessiteuses. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Nous avons pu croiser parfois des habitants de ces petites "bulles" un peu hors du temps, et il pouvait s'agir tout aussi bien d'une vieille dame charmante que d'une jeune femme trentenaire.

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La chaleur de la journée laisse la place progressivement à une petite fraicheur et nous descendons la königstrasse dans l'idée de regagner la rue Kohlmarkt ou se croisent pratiquement tout le réseau des bus, afin d'attraper notre "ligne 2" et rentrer au camping. Nous laissons, au passage, la maison de Günther Grass, célèbre écrivain, et celle de Willy Brandt, célubre homme politique allemand... Or, nous nous retrouvons (erreur d'aiguillage !) sur le quai de l'Obertrave ou nous nous laissons tenter par une balade en bateau. Plusieurs compagnies, du moderne bateau-mouche à la petite embarcation qu'on peut conduire soi-même en passant par le bateau "à l'ancienne" (barkassenfahrt) propose ce genre de prestation. Nous optons pour le bateau à l'ancienne qui propose une visite commentée d'une heure de Lübeck vue depuis les canaux qui l'entourent.

Prix 13 euros par adulte.

Le bateau prend son temps et c'est très agréable car cela permet d'admirer sans précipitation les édifices sous un angle très différent et parfois bien plus joli. Nous constatons, dans l'ancienne zone portuaire, la reconversion des anciens docks en bureaux, restaurants, salles de spectacles et de congrés. Le canal semble couler aux pieds mêmes de la cathédrale sont nous sépare une mince rive couverte de verdure (pourtant, quand nous visiterons la cathédrale, nous verrons que cette "mince rive" est en fait beaucoup plus large que cela paraissait). Les différentes vues générales de la ville sont dignes de cartes postales vues des canaux. Mais je craque totalement pour les paysages de la rive est du canal : on retrouve ici tout le charme des hortillonnages d'Amiens, cette mini-ville construite sur une constellation de parcelles et desservie uniquement par bateau. Ici, de la même façon, se côtoient les maisons les plus bohèmes, celles d'inspiration clairement maritime et celles, nettement plus chic et un peu en retrait, de ceux qui ont senti avant tout le monde l'atout de ce site. Je suis totalement sous le charme.

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Nous regagnons notre camping (NOTA : le bus passe jusqu'à minuit), mais si nous avons la tête pleine de toutes nos découvertes, il n'est pas si tard.

Il me tarde d'être à demain, car nous avons prévu de visiter le Musée de la Hanse, cette organisation commerciale organisée comme une guilde internationale qui perdura pendant 300 ans à une époque où les valeurs qu'elle défendait n'avaient pas encore cours. Elles sont toujours aujourd'hui d'un incroyable modernisme.

Nous en saurons davantage demain...

Lundi 5 août 2019 - LUBECK - 2ème journée

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Une belle journée s'annonce. Les températures ont légèrement baissé depuis le début de notre voyage, mais pour ma part, un "petit" 25° convient fort bien à mes jambes.  Nous devons nous organiser en suivantles recommandations de l'employée de l'Office du Tourisme, qui a coché sur notre liste les musées qui respectent la fermeture du lundi et ceux qui soit ferment un autre jour, soit fonctionnent en continu. Retour à l'arrêt de bus et c'est parti pour la journée.

La ville ancienne de Lübeck ressemble un peu à une tortue entourée d'eau (les canaux). Bien sûr, avec le temps, l'urbanisation a essaimé sur les rives extérieures des canaux et la ville s'est étalée dans toutes les directions. Mais pour les passionnés d'histoire et de vieilles pierres que nous sommes, seul le centre ancien est intéressant. Ce matin, nous avons prévu de nous rendre au nord de la "tortue" pour voir la porte Burgtor puis visiter le musée hanséatique européen.

La porte Burgtor est située là où se trouvait auparavant le seul accès pour la ville, et un château fort pour la défendre. En 1230, le château disparut et la ville fut fortifiée et dotée de 4 portes d'accès, dont deux existent encore : La Burgtor et la Holstentor.
La porte Burgtor est fortifiée et dotée de trois arcades donnant accès à la ville. Plusieurs étages très décorés avec arcades en ogive et fines colonnades furent ajoutés 200 ans plus tard. L'édifice est très beau, mais la circultation automobile qui utilise deux des arcades est très intense. Impossible de prendre une photo qui soit représentative et bien dégagée, au désespoir de Patrick.

Tout à côté, se dresse le musée hanséatique européen (un édifice épuré et moderne), lequel est imbriqué à des restes de constructions plus anciennes. En effet, à cet endroit se dressait autrefois un monastère dédié à Ste Marie-Madeleine achevé en 1270, sur financement des princes nord-allemands qui, aidés par les lübeckois, venaient de remporter une victoire sur les danois. C'était un édifice important, géré par l'ordre dominicain. Mais au moment de la réforme, il servit de maison d'arrêt et de maison d'accueil pour les pauvres.

Nous nous rendons de suite au Musée hanséatique (Hanse Museum) ouvert en 2015.

Entrée 13 euros par adulte.

Ici, on a mis à profit l'utilisation des nouvelles technologies : une carte magnétique (qui sert aussi de billet d'entrée) affiche un petit symbole ; en la passant devant le scan de chaque borne d'information durant la visite, on obtient des explications. Mais tout d'abord, on la passe dans un lecteur qui permet déjà de choisir la langue (allemand, anglais, danois ou russe), puis l'une des 50 cités européennes qui furent liées à la ligue hanséatique, et enfin l'un des quatre thèmes qui nous intéresse particulièrement (économie, société, vie quotidienne...). Ainsi, chaque borne d'information délivre les explications dans la langue choisie, de façon générale + ce qui est en lien avec la cité choisie + dans le domaine d'intérêt. Ainsi, j'ai choisi les infos en anglais, avec des précisions plus particulières concernant la ville de La Rochelle (qui fonctionna en partenariat avec la ligue hanséatique), ainsi que dans le domaine de la vie quotidienne.

Comment décrire ce musée qui m'a totalement enthousiasmée, tout comme mon homme ?
A notre avis, il fait sans aucun doute partie de ce qu'on pourrait répertorier comme "musée remarquable".
Voilà ce qu'en disent Franz Lerchenmüller et Norma Arndt, rédacteurs du guide de Lübeck proposé par l'Office du Tourisme, ce à quoi nous adhérons totalement :

[...] Sur un espace total de 4000 mètres carrés, les visiteurs sont guidés à travers l'histoire de l'une des organisations économiques les plus florissantes du passé, à savoir la ville de Lübeck dont le coeur et l'esprit sont dévoilés sur 500 ans. De nombreuses activités du commerce lointain et plus de 200 villes se rapportaient à la hanse. L'exposition englobe la période de 1143 (date de la fondation de Lübeck), pour se terminer au milieu du 18e siècle. La structure de la hanse, la commercialisation des produits comme la fourrure, le poisson séché, la toile et la cire, ses lieux de relais à Novgorod, Bruges, Londres et Bergen, le tout expliqué avec justesse et pertinence.

Nous avons pu ainsi mesurer l'évolution puis progressivement toute l'importance économique de cette organisation commerciale, mais pas seulement, car s'y sont jointes des considérations politiques et religieuses qui influencèrent durablement la société lübeckoise, mais progressivement aussi celle du pays et par là même celle de l'Europe même si l'union européenne n'existait pas encore. Sont abordées les questions suivantes : l'honnêteté des marchants, quels rapports entretenaient-ils avec les dominicains du monastère, pourquoi d'ailleurs ces derniers durent-ils quitter le monastère, comment a sévi la peste à Lübeck... A part les pôles multimedia d'information, des scènes de marché ont été recrées avec personnages en cire réalisés d'après des tableaux d'époque (maire, responsables de guildes, éveque). Les marchandises présentées sont réelles et représentatives des pays de provenance (épices, tissus, ...). Il s'agit donc d'un musée interactif très vivant, destinés aux adolescents et aux adultes, d'une importance capitale en matière de culture.

Haupttreppe

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Mais l'aventure (!) nous attendait au tournant. Alors que j'examinais les étoffes proposées à la vente par un marchand brugeois d'un siècle bien antérieur au nôtre, l'alarme a sonné, intimant aux visiteurs de sortir. L'épisode s'est produit à deux reprises sans que nous ayons d'explication. Les pompiers sont néanmoins restés présents un long moment. Le temps passait sans que l'on sache si on pourrait continuerla visite. Nous avons pris le parti d'aller déjeuner au restaurant du musée qui, lui, était resté ouvert. Il est réputé car on y propose des plats inspirés de ce qui se faisait à l'époque de la hanse.

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Restaurant Le Nord (accès dans le hall d'entrée du musée)

Nous choisissons chacun un Labkaus. C'est un plat traditionnel de la région constitué de pommes de terre cuites à l'eau, d'une purée de boeuf en saumure à la betterave surmontée d'un oeuf au plat. Dans un ramequin à part, un accompagnement d'oignons, de cornichons aigre-doux, et de harengs marinés est à déguster en même temps. Le Labskaus trouve son origine chez les marins d’autrefois. Ne pouvant conserver de viande fraîche à bord des bateaux ils confectionnèrent cette bouillie à base de viande en saumure qui se conservait plus longtemps.

C'est un festival de goûts et un plat revigorant, pour environ 15 euros par personne, vin compris. Nous apprendrons par la suite que quasiment plus personne ne cuisine le labkaus aujourd'hui et qu'on ne le trouve plus que dans les restaurants traditionnels. La restauration rapide est passée par là...

Nous reprenons notre visite du musée si malencontreusement interrompue, puis décidons de terminer nos découvertes parla visite du Castel Friary : c'est ce qui reste du monastère dominicain implanté en 1270.

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Certaines belles salles voûtées sont encore visitables comme le réfectoire, la sacristie, la salle capitulaire. Après la réforme et le départ des moines, le monastère fut transformé à plusieurs reprises, car il devint d'abord une maison d'accueil pour les pauvres, puis de maison d'arrêt. D'ailleurs, à l'étage, nous avons pu visiter la salle d'audience : en bois foncé, elle dispose encore de tout son ameublement et est particulièrement impressionnante. Deux cellules del'ancienne prison sont toujours présentes, avec leurs couchettes et leurs seaux. Une plaque indique que les nazis y emprisonnèrent des opposants qui furent ensuite transférés à Hambourg pour y être exécutés le 10 novembre 1943.

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Une partie des bâtiments a disparu ou a été reconvertie au cours des siècles et dans la cour qui surplombe le musée, on en voit les traces au sol. L'église Ste Marie Madeleine a, quant à elle, disparu. Le site est intéressant du point de vue architectural en raison de l'imbrication des constructions successives, de la disparition des unes et de la reconversion des autres. Un passionnant labyrinthe !

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Nous avons la tête pleine et des étoiles plein les yeux à voir l'accumulation de toutes ces découvertes ! Une pause s'impose. Retour tranquille le long du canal en direction de la porte Holstentor, mais sans traverser le pont sur le canal car nous nous rendons chez NIEDEREGGER.

Niederegger, c'est le plus connu des fabricants-vendeurs de pâte d'amande, la spécialité de Lübeck. La boutique propose tout ce dont vous pouvez rêver de déguster à base de pâte d'amande et même ce que vous n'auriez pas imaginé ! On peut aussi y prendre thé ou café avec une part de gâteau typique.
Nous optons pour deux parts de Nusstorte, ce fameux gâteau aux noix et à la pâte d'amande (spécialité de Lübeck) auquel j'ai bien du mal à résister, accompagné d'un café et d'un thé. Le coin salon de thé est sympa et ceux qui s'y trouvent en même temps que nous prennent le temps de la discussion. Cosy et reposant.
Il est temps de commencer à penser à tous ceux qui comptent pour nous et que nous aimerions gâter. Après avoir fait deux ou trois fois le tour de la boutique au milieu d'une foule affairée, nous nous décidons pour des boîtes garnies d'assortiment (pâte d'amande au chocolat, nature, à la liqueur...).
Le personnel et l'accueil sont corrects mais cette enseigne est tellement vantée dans tous les guides qu'elle y a perdu certainement ce côté féérique qui accompagne souvent les boutiques de gourmandises sucrées et ses rappels à l'enfance, aux marchés de Noël et aux fêtes de fin d'année. En plus, j'ai repéré un autre magasin moins mis en avant par la publicité locale mais qui semble lui aussi proposer des produits alléchants. Nous décidons de nous y rendre le lendemain pour compléter nos achats de gourmandises.

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Et en attendant, retour au camping, les bras chargés de sacs.

Demain, ce sera un jour de balade dans les différents quartiers, petites venelles et autres. Nous nous gavons de cette ville qui offre un si grand panel de choses à voir. Néanmoins, comme à Brême, nous avons bien pris conscience aussi qu'à l'ombre du beau, du noble et du majestueux vit une population moins aisée un peu noyée au milieu de l'animation du centre ancien. Personnes âgées (très) modestes, personnes handicapées et personnes sans domicile fixe évoluent ainsi au milieu de nous dans un décor si agréable et une ambiance si bon-enfant que pour un peu, on les oublierait.  

 

Mardi 6 août 2019 - LUBECK - 3ème journée

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Une journée un peu moins chargée aujourd'hui, et plus axée sur la balade "le nez en l'air". A plusieurs reprises, nous avons traversé des places entourées de bâtiments magnifiques,et il est temps de chercher à en savoir plus.

Nous nous rendons une fois de plus en centre ville : depuis quelques jours, au lieu de descendre à l'arrêt Holstentor, nous restons dans le bus pour n'en descendre qu'à l'arrêt Kohlmarkt. C'est une rue particulièrement animée et commerçante, et les arrêts de bus ne désemplissent pas. La Breite Strasse part justement de cette rue Kohlmarkt et, très commerçante également, elle longe l'arrière d'un long bâtiment garni d'arcades au rez de chaussée. Nous sommes sur l'arrière latéral de la mairie. Hop, un petit passage sous les arcades et nous voilà au centre d'une grande place cernée par un grand L constitué par la façade de la mairie et d'une longue aile montée sur une suite d'arcades, ces arcades que nous venons juste de traverser depuis la rue d'à côté.

L'architecture est impressionnante. La façade de la mairie, en briques rouges, est surmontée de trois tourelles à chapeaux pointus et les murs qui les relient sont percés de deux énormes cercles. Le petit guide de Lübeck nous apprend que c'est pour laisser passer l'air en cas de grand vent. Ainsi, on évite qu'une rafale ne renverse le mur. En 1570, on rajouta une tonnelle en stule Renaissance devant cette façade, peinte en blanc. Le constrate est étonnant, tout comme la différence de style ! La mairie se visite mais uniquement en compagnie d'un guide, et là encore, uniquement en allemand, à notre grande déception. En effet, le hall lui-même est déjà fort beau et augure de la beauté des autres pièces...

Nous ressortons sur la place pour admirer la longue aile qui date de 1300, et qui servait de salle de bal au premier étage. Le rez-de-chaussée, avec les arcades, hébergeait les orfèvres. Cette aile a été prolongée en 1442 et la nouvelle construction est surmontée elle aussi de tourelles à chapeaux pointus reliées par un mur également évidé de cercles et d'ogives pour le vent. Nous retraversons les arcades pour revenir dans la Breite Strasse et admirer le magnifique escalier Renaissance qui conduit au premier étage au-dessus des arcades. Ce mélange de style est surprenant et attire l'oeil, c'est sûr !

Au milieu de la place, nous avions remarqué une petite construction, une sorte de petit pavillon avec un toit surmonté d'un chapiteau. L'ensemble avait un faux air de pagode dans le style médiéval, et impossible de déduire ce que cette construction faisait là. Renseignement pris, ce petit pavillon porte le nom de kaak. Autrefois, on exhibait aux arcades du chapiteau les voleurs et les bandits et chacun pouvait les voir puisque la place accueillait alors le marché. Une version moderne du pilori de notre moyen-âge ...

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Derrière la mairie se trouve l'église Ste Marie (MarienKirche).

Voilà un exemple d'architecture d'une extrème sobriété et pourtant d'une rare élégance. En briquettes rouges, avec une toiture verte, des tours élancées, elle paraît tout en épure et c'est pourtant un bâtiment solide et imposant.Il s'agit d'un bâtiment gothique qui s'inspira des cathédrales françaises. L'intérieur est très lumineux et la hauteur des colonnes culmine à plus de 38 mètres.
Cette église contient plusieurs incontournables : l'horloge astronomique ;l'autel de Marie d'Anvers (sorte de retable en bois sculpté en 3D de scènes montrant la vie de la vierge (la finesse et la qualité du travail de l'artiste sont remarquables) ; la danse macabre qui orne l'une des chapelles (nous l'avons vue sous forme de storyboard dans la chapelle car l'originale a été détruite lors du bombardement en 1942 puis reconstitué sur les vitraux) ; la chapelle qui contient deux cloches qui sont tombées et se sont enfoncées dans le sol : un incendie qui suivit un bombardement en 1942 endommagea profondément les tours de l'église et les fixations des cloches cédèrent, les laissant se fracasser au sol. Ce bombardement s'effectua en représailles de celui de l'église de Coventry en Angleterre en 1940 ; également présentes, un groupe de croix terriblement émouvant car elles sont criblées de petits éclats de métal récupérés à l'église de Coventry après le bombardement.

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Nous ressortons avec le projet de remonter en direction du nord de la ville pour jeter un coup d'oeil à un ensemble de petites venelles typiques regroupées près de la rue Engelsgrube. Là encore, ces venelles avaient une fonction bien particulière, tout comme celles que nous avions vues entre la Königstrasse et le canal à l'est de la ville (voir nos explications sur la visite de Lübeck du dimanche 4 août). Mais là, nous aurons moins de chance. Lassés par les intrusions incessantes des touristes, lesquels touristes ne se comportant pas toujours avec discrétion, les résidants de ces venelles en ont fermé l'accès au public : chaînes, grilles avec digicode ou sans, portes closes s'interposent entre nous et ces minuscules jardins secrets d'autant plus intéressants qu'elles accueillaient autrefois les familles modestes liées aux métiers de la pêche ou du fret. Certaines venelles, mais fort peu, sont accessibles mais les résidants y déjeunent donc il serait bien impoli de s'imposer.... Grosse déception, d'autant que ces endroits sont réputés ouverts au public. Dommage.

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Petite pause repas au Wiener Cafe, situé dans la Breite Strasse, juste en face de la boutique Nieddereger (pâte d'amande). Il fait très beau, bien chaud, et chacun se "dispute" les places à l'ombre sous les grands parasols. L'endroit est animé et les serveuses bien occupées. Tandis que Patrick craque pour des frikadelles (sortes de petites galettes de diverses viandes hâchées très populaires en Allemagne), je ne résiste pas aux matjes (filets de harengs marinés), accompagnés d'une bière pour Patrick (qui omet de préciser une "petite" bière et qui, du coup, se retrouve avec une pinte) et d'eau pour moi. Pas de dessert, car nous prévoyons de nous rendre dans un autre magasin de pâte d'amande, histoire de faire des comparaisons en toute bonne conscience (!)

Nous revenons en centre-ville et Patrick décide de se rendre à l'église St Petri (Sankt PetriKirche), car on peut monter dans la tour et il pense avoir une très belle bue de la ville et réaliser des photos intéressantes. St Petri, vue de l'extérieure, est une belle église, principalement son clocher en alternance de briquettes rouges flanqué de pierre angulaires blanches. Mais c'est une église vide, car elle fut détruite pendant la guerre et il n'en est resté que les murs extérieurs. C'est seulement en 1960 qu'une association entreprit de la restaurer : l'intérieur est très lumineux, mais sobre : carrelage en terre cuite, murs et piliers peints en blanc. Plus aucun culte n'y est célébré aujourd'hui. St Petri sert désor,mais à des expositions, des concerts, et des conférences. Pendant que je regarde l'exposition présente -qui me laisse d'ailleurs un peu perplexe-  Patrick paye 4 euros pour se rendre dans la tour et il en redescendra plutôt satisfait car le quartier est dense et malgré tout, la hauteur permet une vue dégagée. Photos réussies !


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Il faut bien clôturer la journée : direction le café-boutique de pâte d'amande SPEICHER, 40 Hostenstrasse, en face de la porte Holstentor après avoir traversé le pont Holstenbrücke. Toujours cette ambiance de marché de Noël même en plein été, un vrai bonheur ! Chez Speicher, la gamme s'articule essentiellement autour dela pâte d'amande ou de créations parfumées à la pâte d'amande : ligueur, thé, chocolat en poudre parfumé pour finaliser un café viennois... et bien sûr toutes sortes d'assortiments de différentes pâtes d'amande. Nous trouvons là tout ce qui nous manquait pour gâter notre entourage, et l'accueil chaleureux et disponible (on peut déguster avant d'acheter !) nous incite à tester thé et café à une table accompagnés de parts de nusstorte. Je recommande vivement cette boutique qui, pour n'en être pas moins commerciale, a le mérite de ne pas fonctionner "à la chaine". Et très honnêtement, je n'ai vu aucune différence dans le goût avec les produits Niederegger.D'ailleurs, les prix sont relativement proches.

Finalement, la "petite" journée a été bien remplie, et nous avons envie de nous reposer un peu... du moins en ce qui concerne nos pieds, puisque nos doigts courent déjà sur le clavier pour rédiger tout ce que vous êtes en train de lire ! Le calme et la nature dont nous avons généralement bénéficié dans tous nos lieux d'hébergement permettent un vrai délassement.

Demain, quelques visites dont l'une du musée Ste Anne qui sera probablement très riche en art... Ce sera notre dernière journée à Lübeck.

 

Mercredi 7 août 2019 - LUBECK - 4ème journée

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Dernière journée "active" à Lübeck (nous avons prévu pour demain une journée de battement). C'est aujourd'hui que nous visitons le musée Ste Anne et pour ce que nous avons pu en savoir, c'est un concentré d'oeuvres d'art, tant ancien que récent, qui risque de nous prendre pas mal de temps de visite (7 siècles d'art et de culture).

Rien que le complexe est intéressant : situé au sud-est de la ville, Ste Anne était un couvent accueillant les femmes célibataires. Construit de 1502 à 1515, géré parles soeurs de St Agustin, il ne fonctionna que jusqu'en 1531, car la Réforme le fit fermer et les soeurs durent s'en aller. Il servit ensuite de maison d'accueil pour les pauvres.Ces maisons pour nécessiteux sont assez courantes à Lübeck et souvent installées dans d'anciens établissements religieux. Les personnes pauvres y trouvaient gîte et couvert mais devaient travailler en échange (travail de la laine, construction de cercueils, etc.). Jusqu'à 500 personnes y ont travaillé. Certes, ces personnes ne se retrouvaient pas à la rue, mais les règles étaient strictes et sévères.
Dès 1915, un musée fut installé dans le couvent, mais en 2013, ce fut un véritable complexe qui se mit en place au service de l'art. Le musée d'art ancien et traditionnel occupe les salles du rez-de-chaussée du cloître ainsi que le premier étage. Sur l'ancien emplacement de l'église contigu au cloître et détruite par un incendie en 1843 a été édifiée une structure moderne en forme de cube appelée Kunsthalle qui a inclu les vestiges encore debout de l'église pour accueillir des oeuvres d'art moderne de 1945 à nos jours.


Hop c'est parti,notre bus habituel nous attend.

Le musée Ste Anne est à l'opposé de la ville par rapport à notre point d'arrivée, donc au lieu de descendre à l'arrêt Sandstrasse, nous attendons l'arrêt suivant (Fegefeuer) qui en nous rapproche davantage. Le musée se trouve dans un quartier tranquille et son entrée située St Annen strasse ne se trouve plus à la belle porte ogivale mais à une petite porte de style plutôt moderne qui n'attire absolument pas l'attention.

Tarif : 7 euros/adulte.

A noter : La ville de Lübeck a mis en place des réductions qui permettent des visites à moitié prix si on visite deux musées inscrits sur une liste disponible à l'Office du tourisme dans la même journée.

Comme nous l'avions prévu, ce musée est une mine et tout ce que nous découvrons nous rempli la tête de belles choses, à tel point que nous avons encore du mal à mentionner ce que nous avons vu sans rien oublier.

Tout autour du cloître, dont les arcades donnant sur les jardins sont obturées par des vitraux, une magnifique exposition de polyptiques de la période romane, tout de bois et d'ors. La plupart d'entre eux proviennent des églises de la cité.
A l'étage, sont reconstituées les pièces des habitations (avec meubles, tentures et objets) afin de montrer comment vivaient les riches marchands de la ville.

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Les revêtements de murs pouvaient être recouverts de cuir travaillé (cuir de Cordoue) ou de papier peint. Eh oui, cela existait déjà ! Et le plus surprenant est que le papier peint était originaire de France, d'Alsace pour être précis, où il était commandé et fabriqué à la demande.


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Des vitrines montrent également des objets de culte, des costumes, et différents objets (céramique), des coffres de bois sculptés, etc. Je suis sidérée de constater combien cette région a pu sauvegarder d'objets anciens à ce point-là. Nous verrons même une pharmacie à l'ancienne avec son matériel et ses pots.

Il y a également un certain nombre de tableaux, qui nous en apprennent beaucoup sur les modes et les moeurs de l'époque. Bizarrement, les tableaux représentant des paysages, qui ont pu être tellement appréciés à des époques ultérieures, ne sont absolument pas en vogue à d'autres époques. On se fait représenter en portrait, seul ou plutôt en famille, mode renforcée par les apports de peintres originaires des Pays-Bas où ce type de peinture est incontournable dans les familles bourgeoises. Nous verrons aussi quelques natures mortes.

Je remarque que certaines oeuvres d'art sont marquées d'un onglet orange. Des fascicules disséminés dans les différentes salles m'en donnent l'explication : quand un musée réalise des acquisitions, il doit bien évidemment s'assurer de la traçabilité de l'objet afin de ne pas se trouver receleur d'oeuvres volées par exemple. Mais durant la deuxième guerre mondiale, les nazis n'ont eu aucun scrupule à s'approprier dans les pays vaincus les oeuvres d'art tant chez les particuliers que dans les musées locaux. Certaines oeuvres ont été retrouvées parla suite et restituées notamment concernant les biens appartenant à la communauté juive. D'autres oeuvres n'ont jamais été retrouvées. D'autres encore sont réapparues parfois beaucoup plus tard, à la suite de cheminements tortueux. C'est le cas de certaines oeuvres exposées ici, dont le musée ne peut garantir totalement la traçabilité. Ces oeuvres sont toutefois présentées, nanties d'un onglet indiquant qu'elles font toujours l'objet de recherches quant à leur provenance. Le fait de les montrer peut aider également à toucher d'éventuels propriétaires ou leurs descendants spoliés antérieurement.

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Une salle entière est réservée à l'art du théâtre chinois qui connu son heure de gloire : des petits théâtres en bois façon théâtre de Guignol, garni de leurs personnages de bois, de céramique, et habillés des costumes traditionnels de la Chine sont exposés. La période des "chinoiseries" semble avoir existé à Lübeck comme en France. Des gravures et des tableaux d'une grande finesse montrant des scènes traditionnelles de jardins et de temples sont un bonheur pour les yeux.

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Des salles sont également réservées aux collections de jouets anciens jusqu'au 20e siècle où figure en bonne place les premières poupées Barbie. Jeux de société, jeux en bois, livres anciens, tout un inventaire à la fois amusant et émouvant. Elles font la jonction avec la Kunsthalle, qui héberge des oeuvres d'art contemporaines, notamment quelques oeuvres d'Andy Wahrol.


Nous ne sommes pas très loin de la Cathédrale de Lübeck qui se trouve à l'extrème sud de la ville. Construite dans l'incontournable style de la région en briquettes rouges, elle est entourée d'un jardin arboré très agréable. Construite en style roman en 1173, on lui adjoint un hall d'entrée 80 plus tard. Le style est toujours roman mais on le qualifie de "roman tardif" car déjà de nouvelles influences architecturales se font sentir. Le fait est que ce hall, joliment appelé "le paradis", n'a plus cette solidité toute rustique des édifices romans habituels ; il est plus orné, plus travaillé. On dit que si quelqu'un de la ville avait mal agi, il pouvait se présenter au "paradis" pour faire amende honorable et sa pénitence pouvait alors être allégée.
La cathédrale devant être considérée comme plus importante que les autres églises (déjà superbes) de la cité, chaque époque a apporté son petit "plus" à l'édifice ; ainsi, certains ajouts sont de style renaissance, d'autres gothiques, et les chapelles mortuaires sont baroques. Les murs sont blancs ornés de stucs ton sur ton, parfois rehaussés de dorures. L'effet est indubitablement raffiné.


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Ce qui attire l'oeil immédiatement, ce sont le jubé et la poutre de gloire, qui ont été fabriqués par le même artisan qui a effectué sur ces deux réalisations des merveilles de finesse concernant l'ornementation sculptée. Des personnages sont également représentés dans les deux cas.

 

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L'horloge, de 1628, est notamment ornée d'un squelette qui sonne les heures et retourne ostensiblement le sablier : notre temps nous est compté mais n'est pas encore arrivé à sa fin.

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On peut admirer aussi le retable à la licorne (l'animal mythique se réfugie près de Marie, sachant que seule une vierge pouvait capturer une licorne d'après les légendes médiévales), ou encore le magnifique retable des heures canoniques riche d'une multitude de personnages aux couleurs vives et entourés de dorures.

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La chaire de style renaissance est également fort belle.


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Parfois, on peut remarquer dans les églises les plus classiques une oeuvre inattendue. C'est le cas ici avec un tableau appelé Les Lamentations du Christ, représentant sur un fond sombre très sobre, Jésus dans un vêtement très épuré, levant la main comme pour attirer l'attention sur son message : "Je suis la Lumière, vous ne me voyez pas - Je suis le Chemin, Vous ne m'empruntez pas - La vérité, Vous ne me croyez pas - La Vie, on ne me cherche pas - Je suis riche, On ne me demande rien - Je suis noble, Personne ne m'est dévoué - Le plus beau, Personne ne m'aime - Je suis la Miséricorde, Personne ne me fait confiance. Si vous êtes damnés, Ne me le reprochez pas".

 

Il est pratiquement 15 heures, et nous craignons ne plus trouver beaucoup d'opportunités de nous restaurer. Nous longeons donc l'Obertrave en direction de l'Holstentor, envisageant un simple sandwich quand l'opportunité se présenterait. De nommbreuses petites terrasses se suivent le long du canal, permettant à tout un chacun de se reposer en regardant passer les bateaux. Finalement, un peu par hasard, nous nous installons sur la terrasse du Café-resto-pub, le FUNAMBULES au 18 Obertrave. En journée, c'est un café et on peut également y manger des sandwichs ou des plats (salades ou brasserie). Mais le soir, en plus, des concerts y snt fréquemment organisés.

C'est un établissement d'habitués. Certains s'y posent nantis d'un livre en buvant une bière. Les gens s'y saluent et papotent quelques minutes.L'endroit ne paie pas de mine mais on s'y sent bien. Je suis ravie de pouvoir déguster une salade sucrée-salée mêlant crudités de fruits et de légumes garnis de crevettes. Patrick, pour sa part, choisi des tartines garnies de matjes, ces fameux harengs marinés incontournables ici. Nous profitons un moment de la terrasse avant de voir le temps s'assombrir et de devoir partir sous quelques gouttes de pluie menaçantes.

Malgré un temps devenu un peu tristoune, nous nous rendons dans une supérette Edeka histoire de faire quelques réserves de produits alimentaires : moutarde allemande, plusieurs sortes de frikadelles, des saucisses....
Et puis le temps revient à de meilleurs sentiments et nous commençons la soirée dans notre dernier restaurant lübeckois : le Lübecker Hanse,  plutôt spécialisé dans les plats de poisson, mais qui propose également de la viande de très belle qualité. Le cadre est très sympathique, l'accueil encore plus.Bref, on traite les oiseaux de passage que nous sommes comme de vieux habitués.
Notre  repas commence par un apéritif accompagné de charcuterie en mode dégustation, et puis je craque pour un plat "trio de poissons" accompagné de ses traditionnelles pommes de terre et oignons -un régal- tandis que Patrick teste la viande du Holstein qui est assurément délicieuse, avec pommes de terre et petite salade. Comme d'habitude, nous n'avons plus de place pour le dessert.

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De retour au camping, la soirée se passe sur un mode "avachi". Cela fait maintenant trois semaines que nous fouinons partout dans la région, avides de coups de coeur qui ont finalement été nombreux. La fatigue se fait sentir. Demain sera un jour de repos avant le chemin du retour.

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