Vendredi 2 août 2019 - LA SUISSE DU HOLSTEIN

Vendredi 2 août 2019 - LA SUISSE DU HOLSTEIN (Holsteinische Schweiz) - PLÖN

A la sortie du camping, nous prenons à droite en direction de l'allée forestière qui, bientôt, se divise en trois branches. aucun risque de se perdre ici, car même les allées forestières sont dotées de panneaux indicateurs. Grâce à eux, nous suivons la rive du lac pendant un certain temps : A droite, le lac, à gauche c'est une colline dotée de plusieurs belles maisons anciennes.

Nous arrivons directement dans le centre de Plön, près de l'église, de la place du marché (où il y a un marché justement ce jour-là) et de quelques maisons typiques ainsi que de la grande rue commerçante.

Nous jetons un coup d'oeil à l'église et bien nous en prend : l'intérieur est plein de charme avec ses murs crème à trompe-l'oeil géométrique taupe et bancs bleu-gris. Belle galerie en hauteur le long des murs. Curieusement, les bras du transept accueillent bien des bancs, comme c'est la coutume, mais ils sont en gradins ! Il semble que la décoration de l'église ait périodiquement changé, comme le montrent deux photos apposées dans l'entrée.

Nous faisons un petit tour au marché. Les fruits et légumes sont apétissants, et les prix sont plus ou moins dans la même tranche que ce qui se pratique sur les marchés en France. Les fruits et légumes biologiques sont assez chers. Nous déambulons dansles ruelles où les fleurs disputent leur droit de pousser aux pavés déjointés au pied des maisons et nous attaquons une rue en côte pour atteindre le château de Plön, une grande demeure blanche à ce que nous avons vu depuis l'allée forestière en contrebas. Un mariage y a lieu à ce moment et l'entrée est fermée.
Nous apprenons que, de toutes façons, c'est une propriété privée qui ne se visite pas.

Par contre, disséminées tout autour du château sur la colline, un semis de belles demeures ou de bâtiments qui sont rattachés au château constitue un pôle de résidences pour les membres de la famille de Schleswig Holstein (dont Augusta Victoria et Wilhelm II, derniers empereur et impératrice de Prusse) qui les fit construire à leur intention. Ainsi, la villa du commandeur militaire de la ville, une prison lui étant rattachée un peu plus bas, un long bâtiment (probablement dédié aux chevaux) abrite une exposition sur la nature et l'environnement, une villa (avec psicine) pour l'un des princes héritiers, et un palais dit "Demeure du prince" mais qui ne peut se visiter que deux jours par semaine (les mercredis et dimanche de 15h à 18h) et qui est malheureusement fermée ce jour.

Retour au camping par la forêt.

Ce soir, dernière nuit à Plön avant notre départ pour Bosau et Eutin.

Vendredi 2 août 2019 - LA SUISSE DU HOLSTEIN (Holsteinische Schweiz) - 2ème journée - BOSAÜ

Charmante petite ville qui, en fait, regroupe plusieurs villages désormais jumelés en raison de l'urbanisation.

Nous trouvons un parking (accueillant aussi les bus) planté de hauts arbres qui garderont Elliot au frais. Il borde le lac (toujours le même qui était à Plön) aménagé ici en zone de loisirs familiale : jeux pour enfants, petite plage.

Des familles arrivent déjà, nanties des serviettes de plage et divers jouets gonflables. Il faut dire que l'aire est bien agréable pour les familles ! Nous la traversons pour nous rendre à l'église St Pierre, une petite église romane rustique construite en 1124.

L'intérieur, tout blanc, a un seul intérêt : une galerie à mi hauteur sur le côté gauche de l'unique nef, dont la rambarde est constituée de panneaux de bois sombre peints avec finesse et représentant les différents apôtres. Ce qui est original, c'est qu'au haut de chacun de ces panneaux figure le nom de son donateur, cette galerie était le résultat d'une souscription. Se mettre en valeur et le faire savoir, si ce n'est pas une preuve de grande modestie, était néanmoins de bon ton à l'époque.

Derrière l'église, un cimetière semblable à celui de l'église St André d'Haithabu descend en pente douce vers le lac. Au milieu des fleurs, les pièces tombales et stèles-rochers se dorent au soleil devant la magnifique perspective qu'offre le lac. Je ne préjugerais pas de l'avis des familles, mais avoir un proche reposant ici est d'une certaine consolation.

Quand nous sommes arrivés à l'église, un organiste et une violoniste répétaient pour le concert du soir. La musique était prenante, et il ne s'agissait pas de morceaux de compositeurs que je connaissais. Nous avons attendu la fin de la répétition pour faire notre visite. Je savais que nous ne pouvions pas rester jusqu'au soir, ayant réservé un hébergement à Lübeck pour le soir-même, mais ne pas pouvoir assister à ce concert reste un de mes plus grands regrets relativement à ce séjour.


Nous quittons Bosau pour EUTIN.

EUTIN

Prix d'entrée : 10 euros par personne

Le quartier historique d'Eutin est regroupé autour de son château, car la plupart des bâtiments lui étaient affiliés. Il existe aussi de nombreuses petites rues où les maisons ont gardé leur charme historique. Mais le château lui-même, de forteresse qu'il était au moyen âge pour le compte des évêques de Lübeck, fut remanié entre 1716 et 1727 pour devenir une demeure de plaisance. Je ne parlerai pas trop précisément ici de son histoire mouvementée, car il est implanté sur une territoire qui fut disputé entre le duché de Schleswig et celui de Holstein (avant l'unification des deux duchés), sa cession à au royaume de Danemark par le biais de l'entremise de la Russie (la Grande Catherine y régait alors et son époux, le tsar Pierre, était apparenté à la famille de Schleswig-Holstein-Gottorf).

Se garer est assez compliqué quand on a la stature d'Elliot. Les parkings dans les parages du château ne sont guère adaptés. Nous avons pu nous garer dans le parking d'une zone de bâtiments historiques en partie rénovés et destinés à devenir un nouveau centre culturel.

Le château, de forme quasiment carrée, repose sur une sortie d'île car il est entouré de douves sur les 4 côtés, et on y accède par un pont. Un autre pont ajouté plus tardivement à partir d'une terrasse latérale donne accès à un parc. Les façades sont en brique rouge, et même si les ailes et les tours ne sont pas symétriques, l'ensemble est harmonieux. Le plus surprenant, une fois le porche franchi, c'est la cour intérieure : les façades sont d'une jolie couleur jaune abricotée, les huisseries arborent une couleur taupe, et une fontaine coule au milieu. Un petit air de villa italienne anime toute cette zone.

La première pièce, incontournable, est la chapelle consacrée à la vierge et à St Bartholomé, initialement construite en 1293, puis reconstruite en 1694 suite à un incendie. En bois et en stuc façon marbre dans des tons de beige, de crème, de brun et d'or, elle affiche un côté particulièrement luxueux avec sa galerie en forme de mezzanine dans le style de celle du château Gottorf. En effet, à l'époque de sa construction, le personnel se devait d'assister aux services religieux et se tenait debout, dans un espace non chauffé, là où on dispose aujourd'hui de bancs. Les visiteurs de haut rang, le duc ainsi que les dames de l'aristocratie se tenaient dans la galerie qui disposait du chauffage (poêle traditionnel en céramique). Ce balcon, donnant au dessus de l'autel, était luxueusement pourvu de fenêtres qui pouvaient être occultées par des stores de cuir pour conserver la chaleur.

Les pièces aux étages ont changé plusieurs fois de destination suivant les générations, les modes, et l'envie de chacun(e) de disposer d'une pièce à son goût. Néanmoins, toutes les pièces sont ornées et meublées avec goût et on dispose d'explications en français ! Les parents de la future Grande Catherine vivaient dans ce château et Catherine y vécut durant son enfance. Tout le château expose de très beaux portraits de famille, dont ceux de Catherine et de son futur époux à l'âge de 15 ans. Les murs ont souvent été pourvus de papier peint.Les pièces richement décorées de stuc blanc sur fond bleu sont particulièrement jolies : les thèmes choisis sont ceux des continents connus alors, personnifiés par des femmes entourées d'attributs représentant tigre/porcelaine/fleur/encens et chameau pour l'Asie, un arc/une flèche et un caïman caractérisent l'amérique, une femme portant turban et tenant une défense d'éléphant et un scorpion représente l'afrique, une femme couronnée entourée de fleurs, de fruits et d'un cheval personnifie l'europe.

Une cuisine "d'appoint" toute carrelée de carrelage bleu et blanc dans le style de Delft est utilisée pour préparer le thé, réchauffer les plats ou préparer des en-cas. Les carreaux de Delft ont été créés suite à la mode de la porcelaine chinoise bleue et blanche et représentant des scènes et des personnages. Les artisans hollandais ont créé ces carreaux de céramique bleu et blanc, représentant des scènes de la vie courante, en les peignant individuellement à la main. Ils étaient donc très chers. Même si la mode des "chinoiseries" n'a pas eu le même impact ici qu'en France notamment, on peut quand même trouver dans les musées quelques articles de très belle facture.

En dehors des "parlours", qui sont en réalité soit de grands salons, soit des salles à manger, il existe aussi des chambres d'invités qui se remplissaient lors de la période de la chasse ; elles bénéficièrent parfois des tout derniers progrès : ainsi, lorsque les pots de chambre furent passés de mode, on installait dans un angle de la pièce un meuble ressemblant fort à une haute commode pourvue de nombreux tiroirs. Il s'agissait en réalité d'un trompe-l'oeil, car les "tiroirs" étaient en réalité une porte dissimulée qui s'ouvrait sur un cabinet de toilette doté d'un wc à l'aspect tout ce qu'il y a de plus moderne.

Au rez-de-chaussée, la terrasse située au sud était équipée d'un pont permettant d'atteindre le jardin. En 1716, il s'agissait un jardin typiquement à la française, qui a complètement disparu aujourd'hui au profit d'un parc datant de 1803, nanti de grandes allées sous les arbres, dans le style jardin à l'anglaise, avec grotte, ermitage, petits ponts et temple, incorporant aussi quelques aspects de la philosphie maçonnique. Un verger approvisionnant les habitants du château en fruits et une orangerie furent mis en place, l'orangerie servant aussi de théâtre en été. Le parc fut ouvert au public dès cette période.

Afin de conserver ce château bon état, certaines pièces sont régulièrement louées pour des mariages, y compris la chapelle. Nous suivions le circuit de visite quand nous sommes entrés sans le vouloir dans les pièces qui avaient été réservées pour mariage qui avait lieu à ce moment même. Les pièces, prêtes pour recevoir les invités, étaient magnifiquement préparées et nul doute que les mariés réalisaient là un vrai (et coûteux) rêve.

Nous avons déambulé un peu dans les rues puis avons déjeuné dans le camping-car avant de repartir en direction de Lübeck, où nous passerons quasiment une semaine. Il faudra bien ça pour en appréhender toutes les facettes. Il fait toujours beau même si des orages aussi soudains que courts jouent les trouble-fêtes. L'aventure continue !