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20 juillet 2021

Mardi 20 juillet 2021 - COLLONGES LA ROUGE

Mardi 20 juillet 2021 - COLLONGES LA ROUGE

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Nous sommes à un peu moins de 7 kms de Collonges la Rouge et nous emprunterons donc nos vélos. Tout le secteur est quadrillé de petites départementales pittoresques, entre bosquets, champs cultivés et herbages peuplés de vaches d’une belle couleur caramel. On pourrait paraphraser notre cher Fernandel et son « champ de Marguerites » avec nos « champs de caramels » ! Les couleurs des fleurs sauvages éclatent en feu d’artifice et l’air sent bon l’herbe coupée et le foin sec.

La Corrèze, c’est tout en monts et en vaux. Agréable, certes, mais autant prévenir ceux qui n’ont pas d’assistance électrique qu’il leur faudra pas mal d’entrainement avant de se lancer ici.

Collonges la Rouge, drôle de nom…

Rien qui ne soit inspiré par un crime quelconque, mais plutôt par un détail de construction. Après le gneiss et le schiste, les moellons de grès beige, voici les moellons de grès rouge. Les villageois ont souvent utilisé les matériaux qu’ils pouvaient se procurer au plus près de chez eux, et ici, c’est le grès rouge. Il a longtemps été recouvert d’enduit, et c’est seulement au 19e siècle, après des travaux de réfection, qu’on a trouvé bien esthétique et original ce grès rouge et qu’on l’a laissé apparent, changeant ainsi le nom de la ville de Collonges en Collonges la Rouge.

Il faut avouer qu’elle a fière allure dans sa partie ancienne ! La plupart des habitants ont à cœur de maintenir en bon état les bâtiments qui leur appartiennent. Et comme partout où il fait chaud, il faut se garder de croire les maisons inhabitées parce que les volets sont fermés. Quand la chaleur s’installe, que les températures atteignent 35°, la seule parade pour conserver une maison fraiche est de garder volets et fenêtres clos. Les toits sont ici en ardoise, et il est courant de voir des vignes s’accrocher aux murs des maisons.

Et de belles maisons, il y en a ! Comme dans certaines petites villes visitées les jours derniers, les nobles à qui appartenaient tous ces domaines n’y vivaient souvent pas. Par contre, et notamment au 16e siècle, toute une tranche de la société constituée de grands fonctionnaires, noblesse de robe ou d’épée, se fit construire ce qu’on appelle des « maisons nobles », petits castels ou hôtels particuliers qui affichent de belles portes et fenêtres de style renaissance. Evidemment, on peut parfois être loin de la construction d’origine aujourd’hui, car le pragmatisme a entrainé des modifications au fil des siècles : portes murées ou déplacées, idem pour les fenêtres, agrandissements, le tout dans un style parfois complètement différent. On peut voir des maisons arborant des linteaux de porte ou des colonnades aux fenêtres qui sont des récupérations reprises sur la demeure d’origine, ou même sur d’autres constructions détruites depuis. A Collonges, l’unité de style est cependant assez marquée.

Mais au 19e siècle, tout ce bel enthousiasme a disparu et Collonges tombe en désuétude.

Pourtant, son charme va progressivement attirer cinéastes pour des reconstitutions historiques, et artistes qui y installent leurs ateliers.

Collonges sera le tout premier village à recevoir la distinction de « plus beau village de France ».

Nous commençons notre circuit par nous renseigner sur les modalités de visite du castel Vassinhac. En effet, nombre de ces belles demeures sont privées et non visitables et nous l’avons souvent déploré. En effet, comment comprendre la vie et l’histoire de cette époque si on ne peut rien en voir ?

Nous sommes un peu trop en avance car le castel n’ouvre qu’à 10h30. Nous continuons donc la rue dite « de la Garde » jusqu’à l’église St Pierre. Un petit parking sur le côté nous permettra d’y garer nos vélos et de visiter à pied tout le village.

Après une attente en pleine chaleur près du portail, près des figuiers de Barbarie et de plantes exotiques du jardin d’une autre demeure (devenue un restaurant), la propriétaire nous fait entrer dans une petite antichambre qui sert d’entrée.

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De là, nous gagnons une salle à manger pavée et un peu sombre, avec un plafond Louis XIII dotée d’une énorme cheminée, de beaux meubles de bois foncé. Il faut imaginer le réconfort d’une telle pièce éclairée de chandeliers quand les mois d’hiver étaient installés…

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Un salon Louis XIV, plus clair, n’attend que ses invités.

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La visite se poursuit à l’étage. Sur le palier, deux renfoncements symétriques dans le mur de chaque côté de la porte d’accès aux autres pièces font office de bibliothèque, une manière finalement assez moderne de tirer parti du moindre espace.

Une chambre Louis XIII et une suite Louis XIV constituée d’une chambre + un bureau occupent en partie cet étage. Les autres pièces ne sont pas visitables, et ne sont de toutes façons accessibles que par une porte située dans une bibliothèque.

L’intérêt de la chambre et de la suite s’explique aussi en raison d’un certain nombre d’objets qui y sont exposés et qui appartenaient à Henri de Jouvenel, époux de Colette notre célèbre écrivaine. En effet, à son décès, tous ses biens ont été dispersés et les propriétaires du castel se sont portés acquéreurs d’une partie d’entre eux.

Après les étages, direction la cave, une belle cave voûtée où son disposés des outils d’autrefois, et une cave à vin de métal en forme de cage qui pouvait se cadenasser. Ironiquement, on peut se demander pourquoi… Dans une seconde cave, un film sur la vie du château et les aménagements qui y ont été apportés est projeté en boucle. Un accès depuis la cave permet de faire le tour du château par le jardin (très belles vues de l’arrière). La terrasse avant du château est aménagée en salon de thé.

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Du coup, la matinée est bien avancée et il est temps de manger un peu car la visite du reste de la ville va nous occuper encore un moment.  Nous tentons un tout nouveau restaurant, situé entre le castel et l’église. On y cuisine que des produits locaux, et les fruits et légumes sont biologiques. Ambiance jeune, le jardin est aménagé en terrasse et garni en partie de meubles en bois de palette. Vu la chaleur, nous optons pour une installation à l’intérieur qui s’avère être une ancienne grange. Le mardi, pas de restauration réelle mais une formule snack. C’est frais et inventif, comme la salade fine de courgettes crues marinées à l’huile et au citron avec pesto de coriandre fraiche et noix. Le pain est fabriqué maison. Bref, nous recommandons vivement ce « petit nouveau » à Collonges, qui vend également ses légumes bio dans des caissettes à l’entrée.

Restaurant Le Maraîcher
La Bassière
Collonges la Rouge
07.69.99.55.80

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La chaleur ne se dément pas. Nous filons à l’église St Pierre, qui est au cœur de la ville.

Elle date de fin 11e siècle et a été plusieurs fois agrandie. Au 16e siècle, on lui a notamment ajouté quatre chapelles et du coup elle est assez assymétrique.

Les guerres de religion ont eu un fort impact dans cette région, car il faut se rappeler que le royaume d’Angleterre était fort implanté en Aquitaine, et de façon assez avancée dans l’intérieur des terres, quasiment jusqu’à la frontière ouest du Cantal actuel. Pour éviter les exactions, certaines églises ont même été fortifiées et c’est le cas ici. Pourtant, il paraîtrait que l’église accueillait alternativement les offices catholique et protestant, même si les querelles étaient fréquentes. Les différents ornements de l’église viennent d’époques différentes, ce qui toutefois ne nuit pas à l’ensemble.

Deux retables sont intéressants : le principal, en bois peint et doré, tout de vert et d’or, constitué de différents éléments provenant de trois siècles différents,  et le retable d’une chapelle datant du 17e siècle qui expose les instruments de la passion : la main de Judas et les 30 deniers, une aiguière, le bois d’épine, etc.

L’édifice reste néanmoins très sobre.   

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Dès la sortie de l’église, nous nous trouvons au cœur d’un quartier de maisons typiques toutes de grès rouge : la halle, plusieurs hôtels particuliers, chapelle des pénitents. Les pénitents étaient des civils assemblés en confrérie, souvent des notables, qui n’avaient aucun engagement religieux mais désiraient s’investir dans la vie de la communauté. Ils géraient les bonnes œuvres, aidaient à la prise en charge des pauvres, organisaient les cérémonies, etc.

Dans l’une des rues commerçantes, où s’alignent boutiques de produits régionaux et restaurants divers, une boutique à l’enseigne de La Sorcière retient mon attention. On peut y acheter quantité de personnages de sorcières conçues sur le modèle de santons, à suspendre, toutes différentes. Le propriétaire m’explique que la sorcière était appréciée dans les villages en sa qualité de guérisseuse, même si les pouvoirs qu’on lui attribuait parfois pouvaient inquiéter. Mais elle avait néanmoins une aura de protectrice et il était d’usage d’en suspendre une dans la cheminée, car on pensait que le mal entrait dans les maisons par cet accès. Les cheminées sont très grandes (surtout très larges à la base) dans les maisons corréziennes traditionnelles. On pouvait y allumer le feu et y cuisiner, mais aux deux extrémités on pouvait installer deux bancs littéralement DANS la cheminée pour s’y réchauffer l’hiver. La sorcière pouvait donc parfaitement y trouver une petite place !

Juste en face, une boutique présente du vin paillé. Rien à voir avec le vin de paille du Jura. Il s’agit d’un vin soit blanc, ambré ou rouge, au bon goût aromatique de vin cuit (plus sucré s’il est rouge) et qui se déguste en apéritif ou avec du foie gras. Deux bouteilles rejoingnent notre sac à dos.

Tout près de la halle, une entrée attire tous les regards : le seuil franchi, un escalier descend directement au sous-sol. Nous y découvrons une quantité incroyable de jambons et de fromages artisanaux. Les cochons sont nourris avec des glands comme autrefois, ce qui leur donne une chair moelleuse. Le fromage est celui des brebis et on le déguste avec de la pâte de coing, surtout si le fromage est affiné et un peu fort.

Nous faisons une petite provision de tout.

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Nous terminons notre visite par la rue Noire dans laquelle se situe une petite maison, toute petite et d’une grande modestie, où résida pourtant le comédien Maurice Biraud, qui joua notamment avec Jean Gabin. Tombé amoureux de cette ville, il y résida mais aida aussi à la rénovation et à la sauvegarde de son quartier.

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Nous finissons notre journée par une visite de la Chapelle des pénitents.

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Nous récupérons nos vélos et il nous faut un moment pour organiser le transports de nos différents achats qui ont considérablement augmenté le volume et le poids de nos sacs à dos.

Mais la gourmandise est une forte motivation, et nous retournons au camping ravis mais fourbus.

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Commentaires
T
superbe, ça valait le coup de reprogrammer ce voyage
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