Jeudi 26 & vendredi 27 mai & samedi 28 mai 2022 - VIESTE

Arrivée dans les Pouilles :

Changement total : faux air de Provence avec une terre très sèche et des murettes de pierre, d’innombrables champs d’oliviers, des collines de pins maritimes ou de végétation basse de buissons épineux qui évoquent le maquis corse. Les routes montent (beaucoup), descendent (tout autant) avec des virages en épingle à cheveux qui obligent à une grande concentration pour la conduite de notre Elliot et de ses quasi 7 mètres de longueur. Les villages qui se profilent dans le bas sont paradisiaques avec leurs maisons blanches entassées au bord d’une mer d’un bleu exotique.

Enfin, nous allons pouvoir nous poser à Vieste, notre destination, et nous perdre dans les dédales de ces villages qui ont connu toutes les civilisations de la méditerranée.

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Jeudi 26 mai 2022 - Arrivée à VIESTE

Nous voilà enfin à Vieste, notre destination de début d’itinéraire à travers les Pouilles.

Vieste est une de ces belles villes blanches qui s’étale sur les pentes d’un promontoire en calcaire et qui surplombe une mer d’un bleu de mers du sud quand il fait beau. Si par hasard le ciel est nuageux, elle tourne au vert légèrement grisé dans le ton des aventurines, de jolies pierres utilisées en lithothérapie.

Installation dans un camping nommé Camping Euro 92
(curieux nom sans explication logique…)
Lungomare Enrico Mattei 119
71019 Vieste

Les emplacements sont grands et bien entretenus, tout comme les sanitaires qui sont hyper-propres, fonctionnels et surtout en nombre suffisant ce qui est loin d’être le cas dans tous les campings. Je comprends bien que ce ne soit pas un « investissement rentable » mais l’hygiène lorsque de nombreuses personnes vivent en promiscuité devrait être incontournable.

Vendredi 27 mai 2022 - 2ème journée à VIESTE

Vieste dispose d’un centre historique impraticable en voiture. Pour ceux qui suivent nos découvertes et connaissent Marseille (sud de la France), il faut envisager tout ce secteur ancien à l’image du quartier des Accoules : petits passages, escaliers, venelles où deux personnes peuvent à peine se croiser…).

Nous sommes à 15 minutes en vélo du centre-ville et nous décidons de nous y rendre avec nos vélos électriques, testés et approuvés l’an dernier durant nos quelques jours en Corrèze. 

C’est avec plaisir que nous constatons que les italiens, pourtant amateurs de vitesse voire de grande vitesse sur les autoroutes et d’un irrespect du code de la route qui flanquerait une crise cardiaque à beaucoup d’entre nous, se montrent très prudents vis-à-vis des cyclistes en ville.

L’incontournable passage à l’office du tourisme se montre une fois de plus bien utile car le plan qui nous est remis va nous permettre de nous déplacer plus facilement. Beaucoup de rues sont en sens unique, et la construction même de la ville, qui paraît consister en un entassement sans vraie logique d’immeubles de hauteur variable donne une impression de labyrinthe.

Office de tourisme et d’information
Piazza John Kennedy N°13
Ouvert de 10h à 13h et de 16h à 20h (ouvert plus longtemps certains jours)

Devant ce bâtiment un râtelier pour garer les vélos est disponible et nous y laissons Dupond et Dupont (les fans de Tintin comprendront), dûment protégés par un anti-vol.

Quel bonheur de se « perdre » dans ce dédale de ruelles, passages, arcades, de la belle couleur blanche de leur pierre calcaire.

Les façades lisses font penser aux bastides citadines de nos villes du sud français, dont elles empruntent aussi les toits peu pentus en tuiles romaines. Par contre, les contours de fenêtres, de porte, les corniches arborent un décor sculpté typiquement baroque. Ici, le style baroque est celui des villes. Pas une maison qui n’ait sa petite touche d’élégance baroque, ce qui tranche avec l’état parfois inquiétant des constructions.

Les bases sont anciennes (très anciennes parfois), mais on construit dessus un niveau supplémentaire, voire un deuxième plusieurs années après ce qui donne parfois un résultat aléatoire architecturalement mais un charme comme nulle part ailleurs.

L’office du tourisme nous remet un plan qui nous permet de nous promener partout dans la vieille ville, suivre le muret qui sépare les premières habitations de la mer, jusqu’à l’église St François, que nous trouvons malheureusement fermée.

Il faut se rappeler que le sud de l’Italie a connu une histoire particulièrement agitée. Toutes les civilisations d’Europe s’y sont implantées à un moment ou un autre. En vrac, les grecs, les byzantins, les souabes (allemands), les français, les espagnols et peut-être quelques autres ont dominé cette région des Pouilles, pour son bonheur ou pour son malheur. Certaines zones sont certes riches, mais d’autres souffrent du manque d’eau, d’un sol percé de rocaille donc impossible à cultiver, d’un relief montagneux pour une partie de la région qui n’autorise donc que la culture de petites parcelles sûrement peu rentables par le passé vu l’équipement agricole. La région des Pouilles a été l’une des plus importantes pourvoyeuses en candidats à l’émigration particulièrement en direction des Etats-Unis d’Amérique. La pauvreté a incliné les habitants restant vers une pratique religieuse assidue. Encore aujourd’hui, la religion catholique est encore très implantée dans la vie des italiens du sud. Les villes comptent souvent plusieurs églises sans compter une cathédrale.

La plupart d’entre elles ouvrent le matin de 9h30/10h à 12h/12h30/13h, (tout dépend des villes) car il y a fréquemment un office chaque matin. Ensuite, pas de réouverture avant 17h le plus souvent. Et puis d’autres offices se tiennent vers 18H/18h30 jusqu’à 19H/19H30. Visiter une église ou une cathédrale demande de « bien viser » le créneau.  Arrivés à l’église St François en dehors du « bon créneau », nous trouvons donc porte close.

Faute de visite, nous continuons à longer le rempart-muret de la ville. L’eau est magnifique, de ce bleu inimitable et très propre, mais toujours un peu agitée. Afin d’éviter que son impétuosité attaque la base de la falaise de calcaire sur laquelle se dresse la ville, des muret de galet cimentés implantés dans l’eau servent de brise-lame.

Nous décidons d’aller déjeuner et redescendons via petits passages et escaliers vers l’intérieur de la vieille ville et atteignons la cathédrale, elle aussi fermée. Un couple qui se tenait sur le pas de sa porte nous entend parler français et engage la conversation tout de suite. Mattéo est italien, de Vieste même, et réside dans la maison de sa famille où d’ailleurs il est né. Son épouse est française, originaire de Colmar. Tous deux ont vécu et travaillé en France et maintenant à la retraite, ils vivent une partie de l’année à Vieste.  Nous sommes ravis de pouvoir parler de ce que nous découvrons ici.

Mattéo et son épouse nous encouragent à nous rendre à l’Osteria AL DUOMO, qui propose de la cuisine locale et raffinée. Des panneaux indiquent la direction et nous avons le bonheur de nous régaler dans un décor quasi-médiéval que nous conseillons :

Osteria AL DUOMO
Via Alexandre III n°27
Vieste
+39 0884 708243

Rappelons que la pizza, originaire de Naples, était une cuisine pauvre réalisée avec un minimum d’ingrédients (de la pâte à pain tartinée de sauce tomate) ; certes, ce plat a bien évolué aujourd’hui, mais n’est en aucun cas représentatif de la gastronomie italienne qui est bien plus diversifiée, plus inventive.

Petit tour sur le port et la marina après avoir repris nos vélos car il faut traverser une parte de la ville.  Et vers la pointe Santa Crocce nous pouvons découvrir un véritable trabucco.

Il s’agit d’une méthode de pêche très ancienne et pratiquée sur toute la côte. Une sorte de grand filet de pêche qui se déploie dans l’eau comme une toile d’araignée grâce à un mécanisme très complexe permet d’attraper les poissons un peu comme une ménagère attraperait des aliments dans un bouillon grâce à une écumoire. Le maniement en est complexe et il est possible, moyennant réservation, d’en apprendre davantage sur son fonctionnement avec des pêcheurs. Un panneau indicateur indique toutes les modalités pour découvrir cette étonnante méthode encore utilisée actuellement.

Il existe plusieurs petites guérites qui vendent des billets pour des promenades en bateau soit vers les îles Tremiti, soit pour visiter la baie et les grottes sous-marines qui se sont creusées dans les falaises calcaires. Elles proposent aussi la location de bateau sans permis ou d’une excursion privée avec un skipper.

Les embarquements ont tous lieu dans la marina.

Sinon, renseignements sur www.grottemarinegargano.com

Malheureusement, concernant les îles Tremiti, les départs à partir de Vieste n’ont lieu que le vendredi et nous l’apprenons alors que la journée se termine…

Samedi 28 mai 2022 - VIESTE - 3ème journée

Cette fois-ci, pas question de rater le créneau d’ouverture de la cathédrale. Nous réenfourchons nos vélos (ils auront été des aides précieuses pour la visite de Vieste !) et enfin, nous trouvons porte ouverte. L’extérieur est sans fioritures et ressemble aux édifices d’accueil des pélerins élevés par les templiers.

L’intérieur est bien différent, en délicates couleurs de blanc et de rose saumon.  La nef est droite jusqu’au chœur et séparée des bas-côtés par des arcades. Autel et statues baroques très jolis, mais c’est surtout le plafond qui attire l’œil car il n’est pas en voûte mais plat et arbore de très belles peintures. Le tout est très lumineux.

Les vitraux tels que nous en voyons dans nos églises françaises n’existent pas dans cette région. Il s’agit le plus souvent de vitres doublées d’un revêtement qui évoque le parchemin ou le papier de riz japonais.

Retour dans la vieille ville où nous achetons des tomates séchées, du fromage. Beaucoup de producteurs locaux disposent d’une boutique et ce serait dommage de faire l’impasse sur les tomates séchées, l’Huile d’olive (huile vierge extraite en première pression à froid pour une meilleure qualité), la charcuterie qui est extrêmement gouteuse et le fromage, notamment la burrata mais on trouve aussi du pecorino du Gargano qui peut avantageusement remplacer le parmesan que l’on ne trouve pas ici.

J’ai le coup de cœur pour une petite boutique au début d’une ruelle en côte tout au début du dédale de la vieille ville. Le propriétaire vend un large choix de produits alimentaires typiques :

CASA NOSTRA
Via Alacron n° 4
Vieste

Il est temps d’aller manger, car nous avons un peu trainé et les horaires de repas en Italie sont à peu près les mêmes qu’en France. Nous optons pour un petit restaurant un peu caché en contrebas de la route où un couple nous reçoit dans une jolie salle voûtée toute blanche.

Le poisson y est très bon, tout comme les desserts notamment le semifredo (pâtisserie glacée mais crémeuse) à la pistache, concoctée personnellement par le patron.

Ristorante OTTECENTO
Plaza Giuseppe Garibaldi n°5
Vieste

Certains restaurants innovent peu en matière de desserts et proposent simplement des coupes de glace. D’autres ont à cœur de proposer des desserts plus inventifs, et utilisent plus largement les agrumes et les fruits secs (pistaches et amandes) produits localement. Il faut en profiter car ils sont délicieux.

Vieste constitue une bonne prise de contact avec les Pouilles, pour sa taille humaine, l’amabilité des habitants et la facilité de circulation notamment pour les vélos.

Retour au camping pour préparer notre départ de demain vers le MONTE SAN’T ANGELO, un site particulièrement prisé et situé dans la montagne.